Vilnius

Le “Petit Shanghai” des pays Baltes.


Présent et futur cohabitent dans la capitale Lituanienne. Depuis la chute de l’URSS, le développement de Vilnius est lié à des changements économiques, sociaux et démographiques importants. Aujourd’hui, le plus peuplé des pays Baltes ambitionne de devenir le nouveau hub européen des nouvelles technologies.

Et cela va vite, peut-être trop vite pour certains quartiers de la capitale qui étaient jusqu’à très récemment encore “coincés dans le temps” ; témoins d’une architecture vernaculaire en voie de disparition. À Šnipiškės, dans l’une des plus anciennes banlieues de la capitale, l’ombre des nouveaux grattes-ciel assombrit un peu plus chaque jour les cheminées encore fumantes des habitations de bois reliées par des chemins de terre.

Reflet d’une architecture vernaculaire façonnée au cours des années par les mains de ses habitants, inventant, construisant, rénovant et réparant leurs bâtiments de bois, ce quartier est un marqueur visuel du développement architectural de la ville. Pendant longtemps, le bois était le matériau de construction principal à Vilnius car accessible, facile à travailler et rentable. Chacune de ces maisons et leurs superpositions de matériaux, de couleurs et d’extensions agissent comme marqueur temporel ; dernier témoignage architectural tangible de l’histoire de la ville depuis la fin du dix-neuvième siècle.

Aujourd’hui, des tours de verre apparaissent les unes après les autres, de nouvelles rangées d’immeubles résidentiels s’y alignent, pour la plupart sans cohérence architecturale. Le quartier qui accueille désormais les sièges des start-ups et des entreprises technologiques se transforme radicalement en “vraie ville” selon nos critères contemporains. Une approche semblable à de nombreuses capitales à travers le monde, agitées par un désir de croissance et de développement prétendument rendu possible par un urbanisme vertical jugé rentable et efficace.

Le vernaculaire urbain semble inévitablement confronté à ces transformations et menacé par des projets, fruits d’une nouvelle tradition architecturale. Mais sur quels critères tel ou tel bâtiment fait partie intégrante de notre patrimoine et nous pousse à le préserver ? Le patrimoine s’impose aujourd’hui comme une forme de sensibilité et d’originalité dans un monde globalisé où l’uniformité des formes est de rigueur.

Dans quelques années, les lituaniens pourront sans doute encore se promener dans quelques ruelles conservées de Šnipiškės, comme dans un musée à ciel ouvert, à l’ombre des grattes-ciels et des tours, bien loin de l’ambiance “village” d’antan.

Ce travail photographique donne à voir la fin d’un chapitre de l’histoire d’une ville parmi tant d’autres et le début d’un nouveau sous l’angle de l’architecture, “témoin incorruptible de l’histoire”.


















 

Banlieue Olympique                


100 ans après, les JO sont de retour à Paris. Ils se veulent moins couteux, plus durables dans le temps et en particulier pour l’environnement. Tels sont les maîtres mots des Jeux de Paris 2024 qui aspirent à l’exemplarité alors que les dernières éditions des Jeux ont suscité les polémiques entre budgets exorbitants, structures sportives démesurés et impact écologique déraisonnable. Paris veut s’extraire de ces scénarios en misant sur les infrastructures existantes telles que le Stade de France, le Parc des Princes ou encore le Grand-Palais. Les quelques nouveaux projets de structures olympiques voient le jour essentiellement en Seine Saint-Denis, un développement périphérique stratégique conçu pour insuffler un nouvel élan au département le plus pauvre de France. Ainsi, le village Olympique se substitue au passé industriel de Saint-Denis et celui des médias s’inscrit dans une logique de développement urbain à proximité du Bourget. Sans oublier le Grand Paris Express et ses 68 nouvelles gare. Des projets dans les tuyaux depuis plusieurs années et précipités par les Jeux avec en ligne de mire “l’Héritage”. Paris 2024 mise sur l’après et compte bien “inventer la ville de demain” grâce à ses infrastructures et ses nouveaux quartiers. Un héritage pour le territoire qui doit profiter aux citoyens après la compétition.

Pourtant, certains projets d’aménagement suscitent déjà la polémique. À Saint-Denis, le nouvel échangeur entre l’A1 et l’A86 qui passera auprès d’une école interroge face aux effets de la pollution de l’air sur les enfants. À Aubervilliers, c’est une partie des jardins ouvriers des Vertus qui doit être sacrifiée en faveur d’une piscine olympique et son solarium.

Les défis pour Paris 2024 et tous les acteurs liés à l’organisation des Jeux sont considérables et interrogent: Les structures olympiques perdureront t-elles par leur ampleur et leur localisation ? Le Grand Paris Express parviendra-t-il à livrer ses premières lignes à temps ? Les quartiers olympiques parviendront-ils à se mouvoir en quartier d’habitation mixtes et accessibles à tous ? L’héritage des Jeux se joue en banlieue.







 

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en cours

































Néo Puteaux



“La discipline architecturale, même si elle emploie peu les termes d’anachronisme et d’anachronie, est traversée par cette question, le temps et l’espace étant au cœur de ses préoccupations. Nous parlons peu d’architecture dans notre société et encore moins de l’architecture de promoteur qui façonne une grande partie de nos villes. Une architecture séduit un nombre croissant d’élus dans le Grand Paris, aussi bien dans le cadre d’opérations de construction, de démolition-reconstruction ou de réhabilitation des bâtiments des années 1960. Elle ne relève pas d’un style unifié. Elle se caractérise par une addition d’emprunts à l’histoire de l’architecture - des “néo-styles”-, produisant des quartiers donnant l’impression d’une épaisseur historique, faite de registres hétéroclites, en contradiction avec leur construction récente. Cette architecture de promoteur constituée de mélanges, pastiches, éclectismes brouillent les frontières temporelles et créent des liens de reconnaissance entre passé et présent. Une simple promenade représente une véritable expérience temporelle comme le montre un rapide détour au PlessisRobinson, une ville devenue un modèle visité, récompensé et largement diffusé. L’architecture pouvant être considérée comme un exercice de narration, de quelles valeurs, de quelles légitimités et de quelles significations ces architectures néo sont-elles porteuses ? Quelles sont les raisons de leur efficacité ? Enfin, une architecture peut-elle être qualifiée d’anachronique, architecture décalée, logée dans un temps qui ne paraîtrait pas le sien ?”







                        









           
                      








                   
               


                                                      














 








         



                 






     

       




         
                                                                             
                       
             





 
   

                     
            





















        





       
       
                                     


                           


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Benidorm


Topographie du tourisme de masse


Planifiée sous Franco qui souhaitait développer le tourisme sur les côtes, la ville de Benidorm, qui n’était alors qu’un port de pêche, a été repensée pour les loisirs et les vacances et est devenue en quelques décennies, la première destination du tourisme de masse en Espagne.


Située sur la Costa Blanca, au Nord-Est d’Alicante, Benidorm bénéficie d’un climat ensoleillé toute l’année; un atout majeur qui attire une clientèle majoritairement nord-européenne.


Benidorm est une ville planifiée pensée sur un modèle vertical éminemment dense. Organisée par zones d’activités - divertissement, shopping, alimentation, plage - elle favorise la proximité et l’agencement des services. Majoritairement composée d’immenses tours de béton - dont la plus haute fleure les 192m - la ville détient le record mondial de grattes ciel par habitant. Une verticalité censée protéger l’écosystème autour de la ville.


En s’appuyant uniquement sur les loisirs, Benidorm a modélisé à grand coup de bulldozers un paysage unique fait de béton, de signes lumineux et de palmiers. Même sa flore

a été conçue et organisée pour la rendre « vendable »: faux gazon, palmiers (encerclés de goudron), rangées de haies ; l’illusion est parfaite.


On ne vient pas à Benidorm pour son patrimoine culturel ou pour explorer les trésors de la Costa Blanca. On y vient pour s’allonger au bord de la piscine, à l’ombre de mastodontes de béton - eux-mêmes accolés à une plage bondée.


Au royaume du « all inclusive », tout est bon marché et on trouve de tout, sauf du local. Les « pubs » et les panneaux « English goods » se succèdent dans les larges avenues de la ville tout comme les restaurants à thème. L’entertainment est roi, le dépaysement est nul.


Ces « saloons de western », ces parcs aquatiques, ces golfs et ces casinos rappelleront surement à quiconque ouvre l’oeil une certaine ville du Nevada. Le tourisme est standardisé, on retrouve ici les mêmes loisirs et les mêmes chaines de fast-food qu’ailleurs. C’est Las Vegas au bord de la mer et Manhattan pour la skyline. Beaucoup l’appellent d’ailleurs « Beniyork ».


À l’opposé du voyage qui inspire à une vie ouverte, à un éveil à soi et aux autres, Benidorm vous propose « le tourisme » dans toute sa démesure standardisée: “Welcome in España” ?


“…elle importe plus que la découverte, le service proposé parvient même à se substituer aux charmes de la destinations. Certains, évidement se réjouissent de cette expansion ou plutot: ils s’en frottent les mains. Ce serait selon eux une preuve de l’efficacité du capitalisme, tout le monde y trouverait son compte.  Ceux-là iraient même jusqu’à parler de « démocratisation » du voyage réduisant, sans même s’en apercevoir, la dimension politique de l’être ensemble à la seule consommation de masse. N’est-ce donc que cela, la démocratie: le devoir de consommer? “  -Manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin
“ Le tourisme c’est un type de l’organisation de l’espace, qui vient capturer les expérience de voyage pour les enfermer dans des circuits ou dans des construction centré sur la fermeture comme le tout inclue ou la  découverte de l’autre ne devient plus principale“ -Manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin
“ Si le voyage est philosophie, le tourisme est économie. Le premier explore, le deuxième exploite“-Manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin











                         
                  

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