La néo banlieue
La néo banlieue
Et si le beau n’était plus un luxe ?
Ces nouvelles habitations ont une ambition claire : rompre avec l’image austère des grandes tours, faire du beau sans faire exploser les coûts. Pourquoi les classes populaires n’auraient-elles pas droit, elles aussi, à la beauté ? La beauté serait-elle un privilège réservé aux élites ? Une affaire de goût, de culture, de « sensibilité » dont seuls les milieux aisés seraient dotés ?
Pourtant, aujourd’hui, les plus précaires accèdent aux technologies de pointe, voyagent, prennent l’avion, s’évadent le temps d’un été. Ils consomment les signes extérieurs du luxe sans toujours en posséder la substance. Mais qu’importe : nous vivons dans un monde de l’apparence. Les diamants peuvent être faux, tant qu’ils brillent.
Bienvenue dans l’ère du pastiche, du simulacre, du faux soigneusement emballé. Les réseaux sociaux ne dévoilent jamais la forêt, seulement le voile qui la masque. Alors, pourquoi ne pas habiller le béton de dantelle ? De loin, tout scintille.
Habiter Venise sans les touristes, sans les paquebots, sans pagodes kitsch ni milliardaires lunaires… Le rêve ! Et accessible en tramway, le rêve !
Mais l’esthétique est politique. Un maire de droite ne construit pas comme un maire de gauche. Dans des villes comme Le Plessis-Robinson ou Clamart, on tourne le dos à l’héritage de la banlieue rouge, pour imposer une nouvelle vision, plus classique, plus conservatrice. On rêve d’ancien, de la belle époque, du Second Empire, du classicisme, des colonnes, des frontons, de la pierre qui raconte l’Histoire, comme si cela permettait de retrouver un certain ordre, une certaine grandeur.
Le grec antique a défini ce qu’on considère comme beau, parfois même sans qu’on s’en rende compte. Les Romains ont repris ces codes et en ont fait des modèles dans l’art, l’architecture et la sculpture. Pour beaucoup, ce qui est romain est automatiquement beau. Et si aujourd’hui on imagine encore l’homme idéal comme musclé, au visage parfaitement symétrique, c’est parce que les Romains l’ont représenté ainsi. Ils ont gravé cette image dans le marbre — et dans nos esprits.




















