Benidorm


Topographie du tourisme de masse


Planifiée sous Franco qui souhaitait développer le tourisme sur les côtes, la ville de Benidorm, qui n’était alors qu’un port de pêche, a été repensée pour les loisirs et les vacances et est devenue en quelques décennies, la première destination du tourisme de masse en Espagne.


Située sur la Costa Blanca, au Nord-Est d’Alicante, Benidorm bénéficie d’un climat ensoleillé toute l’année; un atout majeur qui attire une clientèle majoritairement nord-européenne.


Benidorm est une ville planifiée pensée sur un modèle vertical éminemment dense. Organisée par zones d’activités - divertissement, shopping, alimentation, plage - elle favorise la proximité et l’agencement des services. Majoritairement composée d’immenses tours de béton - dont la plus haute fleure les 192m - la ville détient le record mondial de grattes ciel par habitant. Une verticalité censée protéger l’écosystème autour de la ville.


En s’appuyant uniquement sur les loisirs, Benidorm a modélisé à grand coup de bulldozers un paysage unique fait de béton, de signes lumineux et de palmiers. Même sa flore

a été conçue et organisée pour la rendre « vendable »: faux gazon, palmiers (encerclés de goudron), rangées de haies ; l’illusion est parfaite.


On ne vient pas à Benidorm pour son patrimoine culturel ou pour explorer les trésors de la Costa Blanca. On y vient pour s’allonger au bord de la piscine, à l’ombre de mastodontes de béton - eux-mêmes accolés à une plage bondée.


Au royaume du « all inclusive », tout est bon marché et on trouve de tout, sauf du local. Les « pubs » et les panneaux « English goods » se succèdent dans les larges avenues de la ville tout comme les restaurants à thème. L’entertainment est roi, le dépaysement est nul.


Ces « saloons de western », ces parcs aquatiques, ces golfs et ces casinos rappelleront surement à quiconque ouvre l’oeil une certaine ville du Nevada. Le tourisme est standardisé, on retrouve ici les mêmes loisirs et les mêmes chaines de fast-food qu’ailleurs. C’est Las Vegas au bord de la mer et Manhattan pour la skyline. Beaucoup l’appellent d’ailleurs « Beniyork ».


À l’opposé du voyage qui inspire à une vie ouverte, à un éveil à soi et aux autres, Benidorm vous propose « le tourisme » dans toute sa démesure standardisée: “Welcome in España” ?


“…elle importe plus que la découverte, le service proposé parvient même à se substituer aux charmes de la destinations. Certains, évidement se réjouissent de cette expansion ou plutot: ils s’en frottent les mains. Ce serait selon eux une preuve de l’efficacité du capitalisme, tout le monde y trouverait son compte.  Ceux-là iraient même jusqu’à parler de « démocratisation » du voyage réduisant, sans même s’en apercevoir, la dimension politique de l’être ensemble à la seule consommation de masse. N’est-ce donc que cela, la démocratie: le devoir de consommer? “  -Manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin
“ Le tourisme c’est un type de l’organisation de l’espace, qui vient capturer les expérience de voyage pour les enfermer dans des circuits ou dans des construction centré sur la fermeture comme le tout inclue ou la  découverte de l’autre ne devient plus principale“ -Manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin
“ Si le voyage est philosophie, le tourisme est économie. Le premier explore, le deuxième exploite“-Manuel de l’antitourisme de Rodolphe Christin











                         
                  

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